Sur
une île près du 70e parallèle, à l’équinoxe d’automne, un poil sort
d’une caverne à chaque aurore. Si, alors, il sifflote Gens du pays, ça y est. Tous les autres poils
sortent de la caverne et commence la grandiose et tragique migration annuelle
des poils jusqu’à l’embouchure de la rivière Yellowknife. Si un extraterrestre
passait alors dans le ciel, il verrait comme une gigantesque perruque qui
marche. Je ne pense pas qu’il aurait envie de nous envahir.
En
route, durant l’exode, des
millions de poils périront, dévorés par des morses, avalés par des bols
de soupe, emportés par le vent. Ceux qui ont assisté à de telles scènes en
restent durablement meurtris.
Mais
d’aucuns atteindront leur objectif : les femmes des Territoires du
Nord-Ouest, pour les protéger du froid. On dit qu’elle sont les plus poilues du
monde. Vu du ciel, on dirait un gnou, un immense gnou.
Mais
ce titre de pilosité suprême leur est contesté. Chaque printemps, les femmes à
barbe du Yukon, du Nunavut, de l’Alaska et des Territoires du Nord-Ouest se
rendent dans une île secrète de la mer de Beaufort où ont lieu toutes sortes
d’épreuves. Même les gars de ZZ Top ne pourraient pas rentrer là. Il y a du tir
de skidoo avec la barbe, du tir au poignet mais par le poil de nez, de la tire
d’érable mais avec des cheveux, etc. Tout cela est mesuré par un arpenteur
agréé. La région gagnante reçoit une boîte de pops au crabe des neiges.
Puis,
à la fin du printemps, les poils disparaissent aussi mystérieusement qu’ils sont velus. Ils sont retournés se reproduire sur une île près du 70e
parallèle.
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