Il
y avait vraiment, avant, une tribu qu’on appelait les Couteaux Jaunes, ici à
Yellowknife. Ils ont presque été exterminés par les Côtes de chien et depuis,
les survivants se sont plus ou moins assimilés aux Chipewyans. Aujourd’hui
dit-on, un autre groupe Déné a pris leur place et cherche à acquérir
l’appellation Yellow Knives.
Avec
Debbie vendredi, on a mélangé les traditions culinaires, on a créé un plat
indien, doublement indien, le curry de caribou aux navets, désormais appelé le
curybou. Ah la cardamome, verte ou noire, hum, Dieu tenait décidément la forme
quand elle l’a inventée. Elle était vachement inspirée, plus que le jour des
caries en tout cas.
Debbie
est une américaine été élevée à Yellowknife il y a 40 ans. «Il y a avait un
seule famille noire à l’époque, se souvient-elle, celle de Monsieur Green On
trouvait ça drôle.» Aujourd’hui, Yellowknife est d’un cosmopolitisme
impressionnant, dans la lignée finalement de ces grosses villes de l’Ouest
comme Winnipeg ou Calgary. Nous sommes plus au Nord et c’est tout. On dit qu’il
y a à Yellowknife des gens nés dans 108 pays.
Shirley
est directrice générale d’une compagnie de taxi. Les dernières années, elle a
eu des chauffeurs de Somalie, Liban, Pakistan, Iran, Hongrie, Grèce, Serbie,
Croatie, Zimbabwé, Égypte, Érythrée, Corée, Vietnam… Elle a eu des Indiens,
mais pas d’Amérindiens. On dirait que c’est pas une job qu’ils font ici, comme
agent de sécurité d’ailleurs. Mais il y a une Inuite qui est répartitrice.
Toute petite, elle doit mesurer cinq pieds et deux, et elle a eu sept enfants
avec un Somalien, qui sont souvent des grands jacks secs. J’aimerais bien voir
leurs enfants! Somalinuitiens?
Plusieurs
de leurs enfants ont été élevés dans la culture et la foi de leur père.
« Moi j’ai perdu ma culture, qu’elle m’a dit la petite madame. Ma mère a
été dans les pensionnats et elle a désappris sa langue, alors elle a pas pus me
l’apprendre. Au moins, quelques-uns de nos enfants auront la culture d’un de
leurs parents.» Le gars a amené trois de ses enfants en Somalie l’an dernier.
Du sub-arctique au semi-désertique, du Grand Lac des Esclaves aux déserts de
sel, d’une économie à l’autre, méchant choc. Quoique, la plupart des
Amérindiens que j’ai rencontrés sont plutôt tiers-mondistes, même s’il doit
bien en avoir dans la classe moyenne amérindienne et élevée. La récurrence de
disparitions et de meurtres de femmes autochtones signifient bien leur statut.
Depuis
que je suis ici, j’ai croisé quelques couples hétérogènes. Ce sont toujours des
Blancs qui sont avec des femmes de couleurs, jamais le contraire. Ça a
peut-être à voir avec la survie, l’idée d’un pourvoyeur mieux adapté à la
société nord-américaine.
Pas
de grandes démonstrations à faire avec ce texte.
Juste
dire bonjour, esquisser les mouvements de culture, leurs mélanges. Dans ce
dernier cas, je souhaite juste qu’on en garde le meilleur de deux. Comme le
curybou, les franges à la Daniel Boone sur la kippah, le shamanisme Gwich’in/ serbe
et le country croate.
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