jeudi 18 décembre 2014

Jésus degré deux le matin

La pierre atteignit l’ado dans le haut de la fesse gauche et il hurla. Jésus n’aimait pas qu’on fasse des graffitis sur sa croix.
***

Véronique revenait d’un concours de gilet mouillé quand Jésus la croisa au centre-ville de Jaffa, où il avait été participer à une table ronde sur le caractère métaphorique de la cruche chez Saint-Augustin. Elle lui permit de rafraîchir son visage sur son gilet, qui s’y imprima. «J’ai encore vieilli, songea Jésus avec tristesse, en contemplant son reflet.» Véronique lui fit un petit sourire compatissant, comme si elle devinait son souci, et cacha sa joie : elle était arrivée seconde au concours et s’était méritée une bourse d’étude en théologie à l’Université du Québec à Miami.
***

-Salut les Boys, on se revoit l’an prochain!
Jésus referma la porte de son tombeau en soupirant. Encore de l’or, de la myrrhe, de l’encens et . À chaque Noël c’était pareil.

***

Jésus repassait consciencieusement sa croix en sifflotant le Stairway to heaven des Led Zep. Il tenait à ce qu’elle soit impeccable en tout temps car il ne savait jamais quand elle pourrait servir.  Il se prépara ensuite pour rejoindre Judas, son partenaire de squash favori.

***
Marie-Madeleine enleva un rigatoni qui séchait dans sa barbe puis le regarda avec une grande tendresse. C’était son homme. Jésus. Son Jésus personnel.

***

lundi 15 décembre 2014

Jésus lance et compte

Avoir sa fête le jour de Noël se disait Jésus, c'est triste, ça fait moins de cadeaux. Il se sentait un peu coupable d'être à l'origine de cet état de fait. Il s'enleva distraitement de la main gauche une écharde que lui avait laissée sa croix, en regardant par la fenêtre de son tombeau. Un soldat romain flattait un chien. «Pas des mauvais bougres au fond, se dit-il.»
***
Il hésita, puis cogna finalement à la porte du tombeau. Barabbas le savait : Jésus était le seul qui lui prêterait de l’argent pour acheter du hash.
***
«Un bon gars ce Baudelaire, se dit Jésus. Plus arrogant que véritablement dépravé. Mais c’est quoi son histoire avec la confiture?»
***
Jésus sentit qu'il allait mourir mais on démonta soudainement sa croix. On venait de découvrir de l'uranium au Golgotha et on expropriait la ville de Jérusalem.
***

Au palais du Sanhédrin, la distributrice à café était encore hors d’usage. Jésus sacra et pris une sloche.
***
«Phoque dit Pierre, en mastiquant son riz avec dédain. Chez les Raéliens, la bouffe est vraiment meilleure.»
***
Épuisé par le manque de paix et de compréhension, Jésus partit en Égypte avec Marie-Madeleine voir le show des Grateful Dead. Mais ils arrivèrent 1945 ans d'avance. Ils firent beaucoup l'amour pour passer le temps et inventèrent des jeux de mots qu'on a pas encore réussi à déchiffrer aujourd'hui, genre accroche-toi à la nef, j'enlève l'ostensoir.

***

Jésus, armé et dangereux

Pour Noël, Ponce Pilate avait donné à Jésus une couronne d'épines avec un ponpon. «Il fait froid la nuit au Golgotha, qu'il lui avait dit d'un ton doucereux. Ça te réchauffera.» Mais Jésus savait très bien que le port du ponpon était interdit les jours fériés. Il allait devoir parler à Ponce.

 ***
En sortant de son tombeau pour aller chercher du lait ce matin-là, Jésus s'enfargea et s'étala de tout son long par terre. «Câline, se dit-il, ils ont installé un pipeline pendant que je dormais!»

***

Marie-Madeleine était partie travailler et Jésus était resté à la maison pour lui préparer des samosas et de la tarte à la frangipane, une recette que Henry Miller lui avait donnée à St-Cloud. Sacré Henry. Lui et Anaïs faisaient un beau couple, enfin, pour de polygames. Maintenant il pleuvait sur Bethléem et Jésus se disait qu'il devait rentrer sa croix avant qu'elle ne soit toute 
mouillée.

*** 


Il faisait froid dans le désert et Jésus regrettait de ne pas s'être amené le petit lainage que Marie-Madeleine lui avait tricoté, pour mettre par-dessus sa djellaba. Il jeunait depuis 33 jours déjà et avait le blues, car il pensait à son ami John Lee Hooker décédé du cancer du pic de guitare. Jésus s'alluma une seconde Belvédère, celle qui se fume en douceur.

samedi 22 novembre 2014

D'amour et de prose

  Pas moyen d’avoir une christ de minute tranquille. Tu la baises, tu laves la vaisselle, tu payes le resto, ses cours de théâtre; tu la divertis, la bichonnes, la couves... Mais non.
            T’essaies de lire au lit, assis à côté d’elle qui lit aussi. Tu devrais avoir la paix, non?
            Oh non.
            - Eh, Joël, c’est super-bon ce livre! Écoute ce passage!
            Blablabla, blablabla blabla...
            T’as envie de lui réciter à voix haute, toi aussi, le bouquin que tu lis. L’Art de la Guerre, le dernier L’actualité, ou encore une circulaire de Provigo. Et quand je dis à haute voix, c’est mégaphone pleine puissance, au max les décibels.
            - AH BON? EH TOI, ÉCOUTES ÇÀ, JE NE TE LE DIRAI PAS DEUX FOIS!: «UNE SALADE PEUT ETRE MANIPULÉE DURANT TROIS JOURS AVANT D’ETRE OFFERTE AUX CLIENTS D’UNE GRANDE SURFACE.» TU VEUX QUE JE TE LISE LE RESTE? OU QU’ON LISE CHACUN TOUS LES DEUX NOS LIVRES À VOIX HAUTE? ON N’Y COMPRENDRA QUE DALLE MAIS ON RENOUVELLERA NOTRE VIE CONJUGALE!
            Non, tu piles sur tes sentiments. «Je suis probablement trop égoïste.» Tu fais un «eh ben» un peu encourageant, mais pas trop quand même. En même temps, tu te demandes comment la calisse de folle se rend pas compte qu’elle te fait chier, que t’aimerais ça avoir un hostie de cinq minutes de paix dans la journée, pas obligé d’être amoureux, drôle, empathique, serviable, empressé.
            -Chéri, ce mec c’est vraiment un écrivain! Écoute ce passage...»
            En plus, elle répète trois fois tout ce qu’elle dit, la sacrement. On dirait une bègue qui souffre d’Alzheimer. Une chance que tu la trompes pas avec son clone! T’es tellement con, t’en serais capable.
            Ça te tente pas de la crisser là? Retourner à Montréal, tranquille, peinard? Te commander des mets chinois, fantasmer dans les bars, fermer la lumière et te finir au poignet, recommencer une autre journée, souverainement seul?
            Ça te tente pas de t’en débarrasser une bonne fois pour toute? Un accident est si vite arrivé...
            «Votre honneur, en son âme et conscience, mon client n’a jamais voulu décharger sa 12 à bout portant sur sa conjointe pour ensuite la dépecer, la démembrer et donner ses morceaux à manger au monstre du Lac Memphrémagog. Il avait bu 13 bières, de mauvaise qualité. Il l’a tout simplement prise pour un chevreuil... Bien sûr votre honneur, la saison de la chasse était terminée, mon client est disposé à suivre une thérapie avec Braconniers Anonymes.»
            La paix, la sainte paix.
            Ou encore la perdre dans le bois, elle sait même pas que le soleil se lève à l’est, le soleil et elle, c’est le jour et la nuit...
            La pousser en bas du canot, cueillir le mauvais champignon, échapper une perceuse dans son bain, lui donner un blind date avec 15 serial killers...
T’es trop couillon.
            - Chérie, je trouve que t’as vraiment le tour d’aller chercher l’essence de tes lectures.
            L’essence... celle qui allumerait le bûcher où trônerait Katia (ou Michelle, ou Dominique, ou Alexandra), juchée sur tous les livres que tu as eu le malheur de lui conseiller. Alexandrie? Qu’une étincelle. Le couple ? Un accommodement déraisonnable ; même les plus beaux souvenirs finissent par grincer. On a beau tenter de se les fabriquer le plus dorés possible, ils finissent toujours par se barrer en couilles. Ça t’a des relents nauséabonds de nectar tourné en eau de boudin. Comme si, aux noces de Canaa, Jésus avait changé du Mouton Rotschild en jus de poubelle... L’amour? Un euphémisme pour bâillon. Un concept romantique dicté par les hormones et le besoin de sécurité affective.

            - Tu es dans la lune mon chéri! À quoi tu penses?
            - Euh... Francine (ou Nancy, ou Véronique, ou Anne-Hélène), où t’as rangé «Suicide, mode d’emploi» ?
            - Sur la même tablette que «Comment apprêter un gigot en 20 minutes»… Pourquoi, tu veux te tuer?
            - Non, je veux griller une dinde.

-       C’est la tablette du haut.

dimanche 16 novembre 2014

Il faisait -15.

Je marchais dans l'allée des drapeaux du Musée. Une femme venait vers moi. Il faisait doux, les arbres était pleins de neige. Un renard roux est surgi du bois, la queue en l'air. Effronté, il a fureté un temps, nonchalamment dans l'année, puis s'est poussé.  Arrivée à ma hauteur, la femme m'a dit: J'adore Yellowknife. Je lui ai souris et je lui ai dit: «Je pensais exactement la même chose.» 

lundi 27 octobre 2014

À la mine d'or

Deux mines d'or abandonnées enserrent Yellowknife, la Giant et la Con mine. La tour de cette dernière, le chevalement Robertson, est une des figures les plus emblématiques de Yellowknife. Elle sert de repère aux voyageurs, quelque soit le moyen de transport qu'ils utilisent.

samedi 18 octobre 2014

Caro aux quilles

J'ai pas réussi à ajuster l'appareil à cause des fluos. C'était peut-être mieux comme ça.

dimanche 14 septembre 2014

Sur la route de Jennejohn Lake

Sur la route de Jennejohn Lake, pour nettoyer les sentiers de portage de canot. Avec une belle p'tite gagne de gens que j'apprends à connaître: James, Ichao, Josh, Léon, Martin, Ashley et Phil. J'ai pensé à toi, comme d'hab.

vendredi 5 septembre 2014

Schooldraw, Yellowknife

J'étais sur Tin Can Hill et j'attendais des aurores boréales. Trop long. Mais c'était très agréable d'être dans la forêt et de regarder la ville.

jeudi 4 septembre 2014

Avenue Franklin, Yellow les Cutters

La 50e avenue, aussi appelée Franklin, va de la vieille ville jusqu'à Old Airport, l'équivalent local du boulevard Tachereau.

La baie la nuit

La baie de Yellowknife, vue du Bush Pilot Memorial Monument.

jeudi 28 août 2014

Musique et vie de couple

On m'avait dit que les musiciens avaient la cote auprès des femmes. J'ai fait 8 ans de triangle au Conservatoire des Bermudes, j'ai appris auprès des plus grands maîtres. Je peux jouer le Danube Bleu sur le triangle rectangle ténor ou le scalène à coulisse; j'ai même transposé Smells like teen spirit pour triangle unplugged et à la fin de la toune, je mets le feu à mon triangle. Résultat: que dalle. Je suis seul dans mon salon à manger des pogos en écoutant l'intégrale de la première saison de Lance et Compte.
Je vais peut-être troquer mes triangles pour le tuba. C'est un instrument extrêmement suggestif qui, de plus, un joue un rôle primordial dans la musique bavaroise, qui est tellement érotique. Les femmes craquent pour la musique bavaroise, c'est bien connu, surtout celles de 69 ans et plus souffrant d'un relâchement des muscles du lobe frontal.

vendredi 18 juillet 2014

Vers Tuk - Fort Simpson

Les précieuses réserves de pétrole de Fort Simpson. La route s'arrête un plus au nord, à Wrigley.

Vers Tuk -le pont du Mackenzie

Le pont enjambant le fleuve Mackenzie, à la hauteur de Fort Providence. Cette photo dit un peu la sublime lumière des TNO.

Vers Tuktoyaktuk: Pandaville

Les maîtres d'oeuvre du restaurant Pandaville, à Fort Simpson. De gauche à droite: Ling, Aiqin, Jackie et Kiia.

vendredi 11 juillet 2014

Vers Tuk -Eagle Plains

Le Dempster Highway, quelques 700 kilomètres, relie Dawson, au Yukon, à Inuvik aux TNO. C’est une route mythique, à l’incarossabilité légendaire. Mais ça fera rire n’importe qui qui reste dans Brome-Missiquoi.
Il n’y a aucun commerce sur cette autoroute sinon, au milieu, un genre de resto Madrid de la région, le Eagles Plains, motel, resto, garage. Nous y avons rencontré Gaétan, le cuisinier, originaire de Sherbrooke. Il s’est établi ici voilà un an. Son dentiste est à… Inuvik…

jeudi 10 juillet 2014

Vers Tuk - Dawson-sur-Pergélisol

En fait, il y a beaucoup de liens entre l'Alaska, le Yukon et les Cantons de l'Est. Dawson est le Knowlton du Yukon, mais vachement plus hippie. Ici, ils disent Bush hippies. J'ai même trouvé le Cowansville du Yukon, le East Farnham du Yukon, etc. C'est un peu maladif, je vois des liens partout.

Vers Tuk - le retour des 5 Fingers Rapids

Les cinq doigts dont il est question, ce sont en fait des îles entre les rapides que devaient affronter les chercheurs d'or qui se dirigeaient vers Dawson. Il y a eu un dynamitage énorme pour faciliter le passage de gros bateaux.

mardi 8 juillet 2014

Vers Tuktoyaktok: la rivière Yukon au Five Finger Rapids


Vers Tuktoayktuk: Pam.

Pam travaille au motel Bonanza Gold, à Dawson. Si vous arrivez après les heures de bureau, un panneau indique les chambres libres, sur les portes desquelles se trouvent la clé. Si vous repartez avant les heures de bureau, il a une enveloppe pour laisser l'argent de la chambre. On vous remercie de votre honnêteté. En 14 ans dit Pam, une seule fois des gens sont partis sans payer.

vendredi 4 juillet 2014

Vers Tuk -Skagway (Alaskazophrénie)

Skagway, Alaska: on ne prend nulle part l'argent canadien dans cette ville frontière et les machines ATM te pompent 5$ en frais bancaires. Version moderne de la ruée vers l'or.

Vers Tuktoyaktuk: au désert près de Carcross

La vue en haut de ce qu'on dit être le plus petit désert du monde (qui est quand même plus grand que la cour de mon voisin)

lundi 23 juin 2014

Cookie Leblanc

A la Saint-Jean, Cookie Leblanc m'a raconté qu'il était rien mais qu'il avait pas mal tout fait dans sa vie, et qu'il avait son propre code moral, qui était plus rigoureux que celui des gouvernements. Il a l'air triste sur la photo mais il riait beaucoup en me parlant.

jeudi 12 juin 2014

Planer à Back Bay


Le seigneur de Back Bay


Stephen Kakfwi

Le monsieur au tambour est Stephen Kakfwi. Cet ancien Premier Ministre des TNO est considéré comme un grand leader déné. Il s'est dernièrement exprimé publiquement sur le travail de guérison qu'il avait du faire pour transcender son passage dans les pensionnats amérindiens.

Métis au drapeau

Lors d'une fête multiculturelle à l'école Sissons de Yellowknife. J'ai leurs noms sur un papier, je vais le retrouver. La jeune fille en tout cas, c'est Cheyenne.

mardi 10 juin 2014

Robert Sayine

Le sous-chef et négociateur des Deninu Kue, Robert Sayine, lors de la signature de l'entente sur le transfert des responsabilités. «Les prochaines générations s'en viennent, il faut leur paver la voir pour qu'elles puissent vivre une belle vie.»