dimanche 23 mars 2014

Une visite à Yellowknife






Yellowknife est une ville d’une taille agréable, je dirais. Elle est à la fois juste assez grande pour qu’on s’y perde, mais juste assez petite pour que ce soit toujours aux mêmes places. En fait, ça ressemblerait à Brossard si Brossard était sur le bord d’un lac, ou encore à Coteau-sur-le-lac si on remplaçait le Coteau par Brossard. En tout cas, il y a un lac.
La population est très cosmopolite. Il y a des Canadiens-Anglais de la Nouvelle-Écosse, du Manitoba et de la Saskatchewan, des Ontariens et des Albertains. Il y a même un Québécois, mais seulement un jour par semaine, quand il vient voir son agent de probation. Avant de partir, ma sœur m’avait bien averti : « Fais attention, y a plein de Red Necks là-bas. » Oui, c’est vrai, ils sont durs, mais équitables.  S’ils te pètent le bras droit, aie pas peur, ils vont te péter le bras gauche aussi. Sous leurs apparences frustres, ce sont des gens qui ont l’intuition de la symétrie. Et s’ils t’obligent à payer les plumes, le goudron est toujours sur leur bras. Ça fait plaisir de rencontrer du monde qui ont le cœur sur la main et l’autre main dans ta face. Au mois de septembre, il y aura le premier défilé gay de l’histoire de Yellowknife, sur la rue Principale. L’excitation est à son comble : y a plus une barre à clou disponible dans les magasins de la région depuis 2 semaines  
Du côté de la nature, la biodiversité est au rendez-vous : on a des mines de diamant, d’or, de manganèse et de tungstène, Cette année, nous avons eu un été formidable, chaud et long : 1er jour, éclosion des moustiques; 2e jour, les moustiques nous mangent; 3e jour, les frappe à bord mangent les moustiques comme entrée et nous comme plat principal.
J’ai vraiment hâte de commencer à mon nouvel emploi.   L’Aquilon a augmenté son tirage dernièrement, nous en sommes à 42 exemplaires par semaine. Un de nos nouveaux abonnés est le Père Gontrand Numélou, un capucin d’obédience caquo-maoïste.  Il est le premier homme à avoir traversé le Grand Lac des Esclaves à bord d’un sous-marin mu par une éolienne. Il a consacré un ouvrage en huit tomes à l’entrevue d’un brochet de 116 ans, qui a longtemps accompagné Klaus Schulsze aux castagnettes, et a tricoté les premières chenilles de bulldozer en poil de nez d’outarde. Nous sommes fiers d’avoir le Père Numélou parmi nos abonnés.
Les Québécois -les Français du Plateau, particulièrement-, présument que les Canadiens se nourrissent mal. Rien n’est plus faux. Nous avons à Yellowknife le meilleur Cheez-Whiz au monde. Il n’y a rien qui rapproche davantage de Dieu que de manger du Cheez-Whiz sous les aurores boréales, au doux ronronnement des VTT.

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