dimanche 23 mars 2014

Les couleurs de Yellowknife




Il y avait vraiment, avant, une tribu qu’on appelait les Couteaux Jaunes, ici à Yellowknife. Ils ont presque été exterminés par les Côtes de chien et depuis, les survivants se sont plus ou moins assimilés aux Chipewyans. Aujourd’hui dit-on, un autre groupe Déné a pris leur place et cherche à acquérir l’appellation Yellow Knives.
Avec Debbie vendredi, on a mélangé les traditions culinaires, on a créé un plat indien, doublement indien, le curry de caribou aux navets, désormais appelé le curybou. Ah la cardamome, verte ou noire, hum, Dieu tenait décidément la forme quand elle l’a inventée. Elle était vachement inspirée, plus que le jour des caries en tout cas.
Debbie est une américaine été élevée à Yellowknife il y a 40 ans. «Il y a avait un seule famille noire à l’époque, se souvient-elle, celle de Monsieur Green On trouvait ça drôle.» Aujourd’hui, Yellowknife est d’un cosmopolitisme impressionnant, dans la lignée finalement de ces grosses villes de l’Ouest comme Winnipeg ou Calgary. Nous sommes plus au Nord et c’est tout. On dit qu’il y a à Yellowknife des gens nés dans 108 pays.
Shirley est directrice générale d’une compagnie de taxi. Les dernières années, elle a eu des chauffeurs de Somalie, Liban, Pakistan, Iran, Hongrie, Grèce, Serbie, Croatie, Zimbabwé, Égypte, Érythrée, Corée, Vietnam… Elle a eu des Indiens, mais pas d’Amérindiens. On dirait que c’est pas une job qu’ils font ici, comme agent de sécurité d’ailleurs. Mais il y a une Inuite qui est répartitrice. Toute petite, elle doit mesurer cinq pieds et deux, et elle a eu sept enfants avec un Somalien, qui sont souvent des grands jacks secs. J’aimerais bien voir leurs enfants! Somalinuitiens?
Plusieurs de leurs enfants ont été élevés dans la culture et la foi de leur père. « Moi j’ai perdu ma culture, qu’elle m’a dit la petite madame. Ma mère a été dans les pensionnats et elle a désappris sa langue, alors elle a pas pus me l’apprendre. Au moins, quelques-uns de nos enfants auront la culture d’un de leurs parents.» Le gars a amené trois de ses enfants en Somalie l’an dernier. Du sub-arctique au semi-désertique, du Grand Lac des Esclaves aux déserts de sel, d’une économie à l’autre, méchant choc. Quoique, la plupart des Amérindiens que j’ai rencontrés sont plutôt tiers-mondistes, même s’il doit bien en avoir dans la classe moyenne amérindienne et élevée. La récurrence de disparitions et de meurtres de femmes autochtones signifient bien leur statut.
Depuis que je suis ici, j’ai croisé quelques couples hétérogènes. Ce sont toujours des Blancs qui sont avec des femmes de couleurs, jamais le contraire. Ça a peut-être à voir avec la survie, l’idée d’un pourvoyeur mieux adapté à la société nord-américaine.
Pas de grandes démonstrations à faire avec ce texte.
Juste dire bonjour, esquisser les mouvements de culture, leurs mélanges. Dans ce dernier cas, je souhaite juste qu’on en garde le meilleur de deux. Comme le curybou, les franges à la Daniel Boone sur la kippah, le shamanisme Gwich’in/ serbe et le country croate.

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